Manon et moi avions trouvé refuge dans l'appentis du dispensaire déserté de Badényabougou. Nous nous étions glissés à la hâte dans ce cagibi resserré et sans fenêtres jouxtant l'ample salle de soins. Dans cet espace confiné, Manon se déchirait d'angoisse, je la serrais dans mes bras et tentais de la réconforter. Nous croupissions là, dissimulés derrière des cartons vides, des madriers, des tôles, une table d'examen, une étagère métallique.
Eduardo, médecin volontaire dans l'hôpital d'une bourgade sahélienne, se fond rapidement dans le microcosme local. Il est touché par la grâce distante de Fatimé et vit une passion intense avec Manon, globe-trotteuse de passage. Lorsqu'une bande armée s'infiltre dans ce coin reculé, c'est le cauchemar ! Face à la sauvagerie, les certitudes se lézardent. Sur qui compter ? Que devient la solidarité ?
Anaïs rencontre Gérald dans les couloirs du métro. Ils rient, jouent, rebaptisent les stations. Au centre-ville, Gérald travaille ses numéros de circassien. Anaïs rejoint sa bibliothèque de quartier. Puis Gérald va moins bien et les jeux se mettent à tourner trop vite. Pour Anaïs, les jours se confondent au rythme des portes pneumatiques des wagons qui s'ouvrent et se referment des centaines de fois. Puis, un homme plus âgé sort de l'ombre de la rame. Comme Gérald, l'inconnu apparaît et disparaît, une perception qui mélange les trajets, les stations et la conscience du temps.
Un jeune homme revient de Katmandou. À Bruxelles, il prend son petit déjeuner dans un café place de la Liberté.
Il se souvient du tremblement de terre auquel il vient de survivre. Il pense à ses amis népalais. Il ne se sent plus le même, il a été confronté à une façon très singulière de vivre la peur et de parler de la mort. Il s'est laissé inviter sur une autre terre et dans un autre langage.