Sous notre blafard ciel contemporain, dans un monde qui a vendu son âme au ricanement, un professeur de lycée qui a apprivoisé ses désillusions trouve peu à peu la forme de sa propre résistance à cette dégringolade spirituelle. Sébastien Lapaque transcende la mélancolie et la lucidité du constat pour nous offrir une épiphanie douce, et son roman le plus lumineux, le plus intimement universel.
Qu'il s'agisse de l'écrire ou de le boire, Sébastien Lapaque est pionnier dans l'art d'aimer et de partager le vin naturel. Assemblage équilibré de savoirs et de poésie, d'écologie et d'amitié, voici "On aura tout bu". Somme de portraits de «gentilles bouteilles» et de vignerons, de promenades gustatives et d'apprentissage sur le motif, ce livre dresse un état des lieux de ces vins «nouvelle vague», libres et indépendants, avec ceux qui le font et ceux qui le célèbrent.
On découvre dans cet opus un monde qui prend de plus en plus de place chez nos cavistes, des vins d'auteurs à hauteur d'homme.
Si j'entre au ciel, je voudrais que ce fût en qualité de vagabond.
En 1938, fatigué des compromissions de l'Église, dégoûté par les accords de Munich, Georges Bernanos quitte la France avec sa femme et ses six enfants. Son but : recréer une France utopique en terre brésilienne. La réalité sera autre. À la place, l'ancien compagnon de route de l'Action française, le polémiste des Grands Cimetières sous la lune, le royaliste capétien, va découvrir au Brésil une forme paradoxale de liberté. Travailleur infatigable, il porte un regard lucide sur l'Europe en proie aux convulsions et prête sa plume à la France libre.
En 1945, à l'appel de De Gaulle, il finit par quitter sa presque-patrie qui ne cesse, dès lors, d'accompagner ses pensées et ses écrits : Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon coeur en ce qui me regarde c'est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j'ai tant souffert et tant espéré pour la France, d'y attendre la résurrection, comme j'y ai attendu la victoire.
Sébastien Lapaque, voyageant sur les traces de l'écrivain, révèle un autre Bernanos, dont l'exil choisi éclaire les contradictions d'un chrétien qui n'aimait guère les tièdes : son monarchisme utopique, son antisémitisme, sa mélancolie parfois joyeuse, son rapport avec de Gaulle, l' homme prédestiné . Se révèle une voix puissante en lutte avec les faveurs factices de son époque - il refusera par trois fois la Légion d'honneur et un siège à l'Académie française - et toute forme d'asservissement. Un anticonformisme qui achève de le désigner pour la postérité comme figure tutélaire des hussards.
Un bel essai biographique superbement écrit.
On pensait le débat sur le travail terminé : la « fin du travail » n'était-elle pas relativement proche, grâce à l'intelligence artificielle et à la robotisation ? Assurément. On s'est donc attaché à en réduire de plus en plus la durée légale (du moins en France), en vue de s'en absoudre un jour. Or l'inflation aidant, on se rend compte que les conflits salariaux n'appartiennent pas qu'au vieux monde. On s'aperçoit que la question de la retraite et du « travailler plus longtemps » réapparaît et divise. Quelques déclarations ont suffi pour que ressurgisse l'ancestral débat sur la « valeur travail ». Quelle est l'actualité du débat sur le travail ? Le travail a-t-il une « valeur » ? Faut-il définitivement en finir avec le travail ? Il s'agira de voir ce qui se passe en France et au-delà de nos frontières (Asie, USA...).
Le spécialiste français de Georges Bernanos présente une biographie de lauteur avec son style si singulier. De Bernanos, le lecteur va suivre les traces de sa vie, du Brésil ou Sébastien Lapaque sest rendu de nombreuses fois, au Port de Toulon où Bernanos a longtemps séjourné. Nous voici aussi sur sa tombe à Pellevoisin, pour les 70 ans de sa mort. Cest une biographie vivante, en mouvement, avec une plume de prodige qui a fait la notoriété du journaliste du Figaro Sébastien Lapaque est journaliste au Figaro littéraire depuis 1999. Proche de Michel Houellebecq, il a notamment reçu le Prix Goncourt de la nouvelle pour son recueil Mythologie française, Actes sud, (2002). Plus récemment il est lauteur de Sermon de saint Thomas d'Aquin aux enfants et aux robots, Stock (2018), et du roman Ce monde est tellement beau , Actes Sud (2021).
Aujourd'hui va mourir un trentenaire insouciant, égotiste, intelligent et vide, miroir fidèle de notre époque sans grandeur. Dans l'ombre, une vengeance familiale l'a désigné. Dès la première page d'un compte à rebours inexorable, Sébastien Lapaque tutoie sa victime pour mieux nous dire combien nous ressemble cet enfant du siècle, qui savoure sans conscience ses quelques mesures d'éternité.
Après la carte postale, Rio et Alger, Sébastien Lapaque poursuit avec «Théorie de la bulle carrée» la mise en partage de son usage du monde, cette fois en posant son regard gourmand et amical sur le travail exceptionnel du virtuose incontesté du champagne nature : Anselme Selosse. Plus qu'un vigneron, un philosophe. Plus qu'une théorie, une philosophie pratique. Érudites et délicieuses, les "théories" de Lapaque, comme une collection pirate et complice au sein du catalogue Actes Sud.
Je t'aime je t'aime je t'aime... En disparaissant du jour au lendemain, Helena ne laisse pas d'autre indice à Zé que ces mots griffonnés à la hâte, qui le balayent comme une tornade. Alors il quitte Bélem, le coeur de l'Amazonie, et débarque à Rio, ne croyant qu'aux bonnes ondes et aux sentiments magiques pour le mettre sur la piste de son âme soeur, versant lumineux de sa propre mélancolie. A la recherche d'Helena, Zé trouve et embrasse le Brésil.
Un pays comme une étreinte. Et comme une initiation à tous les possibles chuchotés par l'Histoire et promis par le Sud du monde.
Qui donc est ce Maranges qui débarque en pleine nuit chez son ami Neubourg pour lui confier d'épaisses liasses de billets ? Le simple chroniqueur hippique marron de Paris-Matin, le journal où tous deux travaillent ? Un souteneur ? Un joueur endetté ? Un indic ? Et pourquoi disparaît-il aussitôt, obligeant Neubourg à partir à sa recherche, à côtoyer une faune dangereuse aux intérêts obscurs, et à affronter toutes sortes de tueurs, des demi-soldes aux plus dangereux des ripous ?
Roman d'initiation à l'échec, à l'amour vain, à l'impuissance, Les Barricades mystérieuses résonne comme un coup de pistolet au milieu d'un concert : celui qui chante le naufrage de nos illusions.
Un impeccable polar à la violence glaçante, au désenchantement radical.
En rendant visite à Marcel Lapierre à Villié-Morgon, Sébastien Lapaque s'est attaché à éclairer la démarche de l'un des principaux inspirateurs des vignerons français qui ont tourné le dos aux vins gonflés et standardisés pour en produire des plus goûteux et naturels. Au moment où ces vins ' nouvelle vague ' s'imposaient chez les cavistes, dans les bistrots et jusqu'à la table des restaurants étoilés, le vigneron et l'écrivain ont retracé ensemble une étonnante aventure, avec pour objectif revendiqué de lutter contre ceux qui s'acharnent à ' effacer la mémoire du goût '.
« Je crois que la théologie est une branche de la littérature fantastique. ».
Jorge Luis Borges
Un réquisitoire pour que parte celui qui ne sera pas nommé et qui est à la tête de l'Etat, qui n'a de culte que ceux du pouvoir et de l'argent.
Au printemps 2008, un an après l'élection à la Présidence de la République de l'ancien maire de Neuilly qui n'est jamais cité dans ce pamphlet, Il faut qu'il parte proposait à la pensée critique de prendre de la hauteur en pointant certaines caractéristiques de la révolution néolibérale en cours : haine des pauvres accusés d'être responsables de leur sort, anti-intellectualisme militant, culte fanatique de la dérégulation, barbarie de l'argent, soumission au présent, délire du désir marchand, abaissement de l'ambition de la France à la hauteur de ses parts de marché.
Mais Il faut qu'il parte n'est pas un texte de circonstance ou un libelle partisan. C'est un acte de liberté, le livre d'un écrivain qui manifeste son attachement à une tradition pamphlétaire à la fois aristocratique, chrétienne et révolutionnaire. En proposant des arguments, il a pour ambition d'être une boîte à outils théorique, une suite de considérations contemporaines sur la France et un nouveau traité de la servitude volontaire. Il laisse le lecteur libre de ses émotions et de son jugement en lui posant sans cesse la question : "Comment en sommes-nous arrivés là ?"
Après nous avoir convertis à la carte postale, après nous avoir délicieusement perdus dans Rio de Janeiro, Sébastien Lapaque nous entraîne dans les rues d'Alger l'indomptable, pour un hymne amical aux rencontres de hasard (qui fait bien les choses), aux antihéros de l'histoire (qui ne passe pas) et aux espoirs têtus.
Cette seconde édition du Petit Lapaque des vins de copains reprend le principe de la première, publiée à la fin de l'été 2006, en accentuant les travers qui lui ont valu quelques blâmes dans un quotidien spécialisé dans l'analyse financière et la spéculation immobilière : elle ne retient aucun château propriété d'un grand patron bucolique, elle laisse de côté les jus produits par les amateurs de saveurs artificielles, elle ne se soucie pas des vins dont les mérites sont habituellement vantés sur de larges pages de publicité. Ainsi, elle accorde l'avantage aux hommes et aux femmes qui, un peu partout en France et désormais dans le monde, ont laissé de côté les produits phytosanitaires et les engrais de synthèse afin de récolter un raisin qui n'a pas besoin d'être bricolé à la cave.
Je t'aime je t'aime je t'aime. en disparaissant du jour au lendemain, Helena ne laisse pas d'autre indice à Zé que ces mots griffonnés à la hâte, qui le balayent comme une tornade. Alors il quitte Bélem, le coeur de l'Amazonie, et débarque à Rio, ne croyant qu'aux bonnes ondes et aux sentiments magiques pour le mettre sur la piste de son âme soeur, versant lumineux de sa propre mélancolie. A la recherche d'Helena, Zé trouve et embrasse le Brésil. Un pays comme une étreinte. Et comme une initiation à tous les possibles chuchotés par l'Histoire et promis par le Sud du monde.
Qui sinon Sébastien Lapaque pour exalter l'usage de la carte postale comme geste poétique autant que comme art de vivre et d'être au monde ! Sa Théorie offre une brillante et irrésistible promenade sensible dans l'esprit, l'histoire et la pratique de correspondances électives dont le charme agit toujours sur notre ère électronumérique.
Curieux de vastes ailleurs, attentif à l'Histoire comme aux anecdotes, Sébastien Lapaque nous entraîne au coeur d'une Amazonie à la fois réelle et rêvée, d'autrefois et d'aujourd'hui. Tout en poursuivant, jusqu'à Salvador de Bahia, le fantôme du père Vieira, défenseur des droits des Indiens, il s'intéresse à l'élection de Luis Inacio Lula da Silva ou à la déforestation, et se laisse bercer par le chant des toucans. Dans ce carnet de voyage très personnel, où voisinent bagnards de Guyane et grandes figures du Brésil, se mêlent paysages, rencontres et souvenirs.
Bernanos aura saisi dans la jeunesse de quoi perpétuer librement la seule oeuvre de rébellion qui tienne : l'insurrection contre le mensonge. Par cette sorte de philosophie politique enfantine le vieux chevalier errant désigna d'un mot les tortionnaires et les bien-pensants de tous les totalitarismes à venir : « Je dis que les tueurs ne sont venus qu'après les lâches. » Oui on peut être lâche aussi devant la vérité. Dès 1937 il avait prédit que « les massacres qui se préparent un peu partout en Europe risquent de n'avoir pas de fin », ils ne garderont que « l'apparence des antiques guerres de religions » auxquelles on les compare : « on ne se battra pas pour une foi, écrivait-il, mais par rage de l'avoir perdue, d'avoir perdu toute noble raison de vivre... » Une décennie et quelques dizaines de millions de morts après, en 1947, dans l'illusion de la « victoire des démocraties », Bernanos ne déclenchait qu'un silence glacial en déclarant que rien n'avait changé : « Il s'agit toujours d'assurer la mobilisation totale pour la guerre totale, en attendant la mobilisation générale. Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ».
Tandis que triomphent les générations successives plus déleurrées et froides que M. Ouine, Georges Bernanos est encore plus mal compris. C'est pourquoi Sébastien Lapaque, essayiste turbulent et critique aguerri (au Figaro), a raison de joindre ici à son premier livre, consacré à celui qu'il avait choisi pour capitaine il y a vingt ans, des textes de maturité qui éclairent la longue confrontation avec un monde régi par le mensonge, l'argent et le nihilisme. Si le déracinement industriel a produit aussi bien les moutons à égorger que les « loups solitaires », du moins l'exil (ou le mal du retour) ne mène-t-il plus, avec Bernanos, aux embardées commodes de « la hideuse propagande antisémite » : l'attachement farouche à une civilisation chevaleresque nous en préserve en fin de compte, radicalement et définitivement. Le précieux héritage des peuples a été sauvé grâce à la parole biblique. Au contact des brutalités de la guerre, alors que se levait « aux rives du Jourdain la semence des héros du ghetto de Varsovie », Bernanos avertit : « Vous aurez à payer ce sang juif d'une manière qui étonnera l'Histoire. »
Tout au long de l'année 2009, Sébastien Lapaque a tenu cette sorte de "faux journal" qui mêle notations sur l'actualité, lectures et relectures, voyages et réflexion du chrétien (qu'il est) sur l'état d'un monde globalisé et d'une société française rongée par l'argent, l'autoritarisme sarkozien, la perte du sens et des valeurs fondatrices.
Clara et Philoctète n'ont rien de commun.
Quand Philoctète n'aime que la beauté, les livres, la lenteur, l'histoire et... l'amour, quand il revendique son identité de Grec ancien, Clara traverse son époque comme en apesanteur. Harnachée pour la guérilla urbaine, elle est allée au bout de toutes les expériences. Par curiosité, ou par désoeuvrement. Ces deux-là pourtant se sont vus, et se sont reconnus. Sous le masque insupportable du dandy, malgré son intarissable logorrhée et ses grands airs, Clara a su découvrir l'homme et sa sensibilité.
Voilà les deux amants en cavale, loin de Paris, loin de ce milieu littéraire des années quatre-vingt-dix qui sert de toile de fond au roman et que Sébastien Lapaque dépeint avec une clairvoyance que n'altère pas la férocité. L'enjeu de ce roman toutefois est ailleurs maniant avec brio un style affirmé et voyageant en humaniste sur les sentiers d'une éblouissante culture classique, l'écrivain qui a su rester attentif aux intermittences du coeur dit ici avec force que roman et romantisme ne sont pas morts.
En prolongement de son journal de l'année 2009 (Au hasard et souvent), Sébastien Lapaque poursuit son oeuvre de salubrité intellectuelle publique en tenant ici la chronique littéraire et politique des années 2010 à 2012. Dans un constant aller-retour entre le réel et les livres, Autrement et encore, faux journal d'un vrai écrivain, est un viatique contre les attaques de la médiocrité ambiante et les laideurs collatérales du capitalisme triomphant.
Dans la confusion du temps où nous sommes, nul discours ne manque plus que la proclamation de la vanité des richesses et de l'insignifiance de l'accumulation matérielle. Plus d'Horace à la cour d'Auguste, de Ronsard à la cour de Catherine de Médicis, de Molière à la cour de Louis XVI pour moquer les avaricieux. L'argent parle, commande et règne. Une richesse qui ne se partage pas, sans devoir pour les opulents, sans enfer pour les mauvais riches, ordonne toute valeur. Dans ce contexte, il est plutôt drôle de faire entendre la voix des écrivains qui, depuis l'Antiquité, se sont relayés pour maudire les riches au nom des valeurs supérieures de l'art et de l'esprit.
Romanciers, pamphlétaires, poètes. Chrétiens, révolutionnaires ou bohèmes. Qu'importent leurs raisons, ils se retrouvent pour fustiger les pingres. Ils ont pour noms Martial, Montaigne, Balzac, Baudelaire, Rimbaud, Marx, Proudhon, Bloy, Dostoïevsky, Péguy, Céline.
Il faut imaginer ici une discrète et imprévisible épidémie d'héroïsme.
Aucun comportement n'est plus fixé à l'avance. Les valeurs sont transcendées par une insurrection soudaine. Les idéologies vacillent. Le chef de l'Etat propose d'abolir le prêt à intérêt. Une révolution éclate. Les curés s'assoient au banquet des anarchistes. La noblesse d'épée devient subversive. Les fils du peuple et une poignée de nostalgiques actifs font assaut d'anticonformisme... Sébastien Lapaque raconte à plaisir l'envers de l'histoire contemporaine.
Un monde moderne - le nôtre -, entièrement soumis aux lois de l'argent, se retrouve gagné par la révolte d'Antigone, par la fureur de Médée. De ces rencontres inattendues entre les rêves français et les mythes antiques, surgit un livre passionné et moqueur, éclairé par des personnages de beau tempérament. Singuliers dissidents, hommes et femmes de toutes classes, de toutes opinions, ils ont en commun, fût-ce à leur insu, une propension au courage, un panache certain pour déjouer leur destin.
Et provoquer l'avenir.
En 1532, sept années avant que l'édit de Villers-Cotterêts n'impose le français comme langue officielle du royaume, François Rabelais publie Pantagruel, mélange de roman de chevalerie, de récit de voyage, de chronique, de biographie, d'inventions et de farces mettant en scène une bande de géants qui font résonner le rire du carnaval dans un monde en train de changer de base. Suivront Gargantua (1534), le Tiers Livre (1546), le Quart Livre (1552) et le Cinquième Livre, posthume (1564). A partir de la transcription en français moderne de Françoise Joukovsky, cette anthologie retrace l'odyssée joyeuse de Gargantua, de son fils Pantagruel et de ses amis Panurge, Frère Jean des Entommeures et Epistémon dans la France de la Renaissance où les attend la Dive Bouteille...