Thomas est cloué au sol. Il perd l'hélice de sa vie. Son épouse meurt accidentellement. Il se rencontre, rencontre, se laisse déporter. Il voyage. Intérieur nuit. Extérieur jour. Entre road movie dans un mouchoir et grands espaces du Pélion, en Grèce, il tangue. En équilibre instable, il nous parle de la vie dans le deuil plutôt que du deuil dans la vie.
Une renaissance.
Jouer le jeu. En arrangeur d'instants. Comme le pianiste de jazz adopterait un thème. Celui des émotions. Elles sont au coeur de nos vies. Les envisager comme un matériau littéraire, les pétrir, y mettre les mains. Le désir d'habiter un texte, comme une installation d'art contemporain s'emparerait d'un lieu. Un parcours sur divers tableaux à développement instantané. Des polaroïds, des mots et une bande son. Le souhait du partage. *** Pour un écrivain, parler de soi comporte toujours une part de risque. La fiction, cet art du mentir vrai, offre un paravent à travers lequel ne filtrent que d'éventuelles bribes, des reflets épars. Alexandre Millon a choisi de nous livrer des textes brefs écrits à la manière des chroniqueurs. Partant d'un fait, d'un souvenir, il nous parle avant toute chose de ses racines, de son enfance, de ses voyages, de ce qui le fait vivre, de sa passion des mots, de son attrait pour les belles choses, les bonnes choses. La musique, la peinture, la photographie occupent une place de choix qui participent d'une forme d'accord au monde conviant tous les sens pour une dégustation entre amis. Amours, amitiés, connivences d'un instant, les rencontres sont guidées par la recherche d'un art de vivre fondé sur la douceur et l'authenticité. S'en dégage une vision du monde tout à la fois enthousiaste et lucide où cohabitent le ravissement, la magie et l'indignation. L'écriture est à l'avenant, joueuse et pétillante, mue par le souci du mot juste et la recherche de sens. Volontiers poétique, elle s'écoule en liberté, rendant le propos musical, invitant à une lecture pausée. Et c'est précisément ce qui fait le plein charme de ce volume auquel on revient volontiers comme on réécoute une musique pour mieux en apprécier la fluidité, le mouvement. À telle enseigne que ce qui aurait pu tourner au selfie devient, tout à l'inverse, une caisse de résonance qui nous renvoie à nous-mêmes, à notre propre et singulière humanité. Thierry Detienne
Le coeur ignore le temps, il lance ses filets dans les eaux noires des mondes disparus, pour nous ramener vers la lumière. Celle des Lumières, dont Léon Losseau est un digne héritier. Amoureux des livres, il croisera le destin d'Une Saison en enfer d'Arthur Rimbaud.
Suivons ce fil rouge de 1901 à nos jours, emboîtons le pas à Léon Losseau, ce philanthrope porteur d'une lueur très actuelle, cheminons dans le présent et la présence au monde avec Esther et Bastien.
Plus que jamais, pouvons-nous parier sur le renouvellement de nos capacités à nous délivrer, à sauver l'humanité de ses propres démons ?
Dans les rares sorties qu'il s'accordait il faisait preuve d'une vigilance de mère poule envers lui-même.
Mais la routine aidant, une sorte d'ironie satanique l'avait heurté de plein fouet. Camille était arrivée dans sa vie comme certains accidents automobiles surviennent sur les trajets que nous connaissons le mieux [...] Il aimait ce joli dos élancé. Il observait les traces que l'élastique du mini-soutien-gorge avait laissées sur sa peau. Deux lignes parallèles et sanguines au milieu desquelles l'agrafe avait gravé une sorte d'idéogramme.
Il redécouvrait ce corps longiligne.
Cette beauté irréductible. Et cette chair si mate et lisse aux pores serrés. Si claire et venue du fond de l'hérédité telle une survivance. Sans doute celle des derniers bastions vikings sur le donjon des gènes.
Ma mère meurt. J'ai quatorze ans. Et puis plus rien. Enfin presque. Un temps fou pour me reconstruire. Je viens d'avoir quarante ans. Je me sens de plus en plus calme. Donc très énervé. En moi, s'incurve un changement infime, à peine perceptible au début, puis ça part en nouille ou ça prend la tangente, c'est selon. Et mère Teresa à Palerme qui me prédisait : " Tu vivras de peu mais d'essentiel ".
Le parcours d'un cyber-branché qui se déconnecte grâce au baiser d'une femme dans un bouche à bouche à la vie.